RETOUR HOME page d'accueil
3TAMIS
3TAMIS

Bukavu - Kasongo
L'enfer de la RN2

28 avril 2012
Sur la route nationale N°2, Bukavu - Sud-Kivu / Kasongo - Maniema, en saison des pluies, c'est l'enfer...

3TAMIS

La RN2, Bukavu - Kasongo, est longue de 496 kilomètres.

Malgré un financement de la Banque mondiale de 20 millions dollars annoncé en 2006 et des travaux effectués par la Compagnie nationale chinoise des ponts et chaussées, la route reste très difficile à parcourir entre ces deux villes à l'Est du pays.

La vulnérabilité des habitants s'en ressent... Certaines contrées sont toujours enclavées, seul l’avion ou l’hélicoptère permettrait d’y accéder.

Trois indicateurs importants de la vulnérabilité des habitants de la forêt : l’insécurité, l’isolement et des institutions de l’Etat pour la plupart, déliquescents…

A défaut d’une armée congolaise capable de sécuriser la région, d’un Etat de droit avec des services réhabilités dans leur capacité d’action, la forêt équatoriale est le repère de toutes sortes de bandes armées d’origine congolaise, rwandaise (FDLR du Rwanda) ou même issues de milices burundaises.

Leurs mouvements ont occasionné de nombreux déplacements de populations vers les grands centres urbains et ruraux offrant plus de possibilités de services essentiels tels que les fournitures (électricité, eau, aliments, biens matériels), les soins de santé, la scolarité, une sécurité relative plus grande.

La Nationale N°2 Bukavu - Kasongo a vu sa réhabilitation commencée il y a plus de 6 ans… et jamais finie !

20 millions de dollars plus tard... Voici l'état de RN 2, en avril 2012...

3TAMIS

Entraide & Développement : Comme en 1990-1996 où pour acheminer ses marchandises, il fallait utiliser des femmes-porteuses appelés « Hilux » marque d’une camionnette japonaise.

Rien n'a changé... Articles 3TAMIS sur l'esclavage moderne : Femmes transporteuses et Le courage des femmes

3TAMIS

  • Fiche technique :
    Ministère du Plan - Unité de Gestion et de Coordination de Projets UCOP
    Financement : Banque mondiale
    Cadre : Programme du soutien au processus de réunification sociale et économique de la RDC.
    Budget : 20 millions de dollars (23 millions?)
    Durée des travaux : 18 mois
    Contrat d’entretien : 30 mois
    Date de début : 2006
    Date de fin ?                                                  
    Entreprises :
    * Compagnie nationale chinoise des ponts et chaussées
    * Tecsult international Limited - Mission de contrôle des travaux (Filiale d'AECOM Consultants Inc. / Cie Canadienne)

Chronologie d'un scandale financier aux conséquences humaines dramatiques, à partir d'articles de presse...

29/01/2006 - Radio Okapi - Sud-Kivu: lancement des travaux de réhabilitation de la route Bukavu-Kasongo
Exécutés par une société chinoise, les travaux de sa réhabilitation vont durer 18 mois. Ils sont financés par la Banque mondiale à hauteur de 20 millions de dollars américains dans le cadre du programme du soutien au processus de réunification sociale et économique de la RDC.

28/09/2006 - Syfia Gd lacs : Sud-Kivu : l’axe Bukavu - Kasongo réduit l’insécurité
Ils ont commencé à Bukavu, à l’est, et ont déjà atteint Kasika, à 102 km. Dans l’autre sens, ils ont aussi démarré à Kasongo, la jonction devant se faire après la traversée des territoires de Kabare et de Shabunda. La chaussée est nivelée et asséchée grâce aux déchets de graviers provenant des carrières qui jalonnent la route. Les travaux devraient durer 18 mois, puis l’entreprise devra assurer l’entretien de la route pendant encore 30 mois.

09/11/2007  - Radio Okapi - Bukavu : travaux suspendus sur la route Kasongo
La population voit la chaussée à peine remise par l’entrepreneur se détériorer. Un habitant de Bukavu, usager de la route se dit intrigué par l’allure ou vont les choses : « je pense qu’après 4 ou 6 mois, ça va s’abîmer encore. Donc il faut que l’Etat prenne sa responsabilité pour asphalter cette route »

Selon l’UCOP, les travaux qui avaient été sous-estimés en 2004 nécessitent actuellement des fonds supplémentaires et doivent de nouveau être réévalués. Le coût initial de 23 millions de dollars US doit être revu à la hausse jusqu’à 30 millions pour les 500 Km environ séparant Bukavu de Kasongo.

19/03/2010 – Radio Okapi - Route nationale numéro 2: les travaux de réhabilitation avancent sur le tronçon Bukavu-Kasongo.
La réhabilitation de la route nationale  n°2  entre Bukavu et Kasongo est à  quelques pas de Kitutu, à plus de 185 kilomètres au sud-ouest de Bukavu, en territoire de Mwenga. Selon le chef de poste d’encadrement administratif  de Kitutu, les ingénieurs chinois et leurs engins  sont à Nyamibungu, à moins de 5 kilomètres, avant Kitutu. Donc, les travaux avancent.

Le seul problème pour la population de la localité de Kitutu, c’est que le  pont  sur la rivière Elila à Nyamibungu est coupé. Pour aller ou venir de Bukavu et autres parties du  territoire de Mwenga, il faut prendre des pirogues  pour la traversée de la rivière.

11/11/2011 – Digital Congo.net - La route nationale n°2 Bukavu-Kasongo dans un état de dégradation avancée
Des éboulements, des bourbiers et surtout l’absence de canalisation risquent lentement et sûrement, de remettre en cause l’utilité de cette route d’intérêt aussi bien local que national.

3TAMIS

Quelques réflexions...

L'axe routier Bukavu Kasongo est un axe important dont tout le monde peut imaginer les intérêts multiples de sa réhabilitation.

Il serait rapporté que « Les Chinois sont pragmatiques. Ils vous construisent votre route au prorata de l’argent que vous leur donnez. Vous voulez un kilomètre à un million de dollars, il vous l’offre. A dix fois moins, ils vous la construisent gentiment tout en vous laissant en supporter vous-mêmes les conséquences ». Source Info Sud / Rue89

Toutefois même à Bukavu, il est difficile de connaître la réalité des faits (le contrat et les suivis de travaux) l'accès à ce genre d'information n'est pas chose facile auprès de l'administration publique et pas évidente auprès du bureau Tecsult International limited en charge du contrôle, et que très certainement, l’Office des routes serait en difficulté de confirmer si les travaux réalisés correspondent bien au cahier des charges.

Qui a finalement tiré profit de la réalisation des travaux ?

Certainement pas les ouvriers congolais payés 30$/mois par la société chinoise (Cordaid Page 23 .pdf), ni la population dans son ensemble, ni l'Office des Routes, ni l'Etat congolais... Car tout est à recommencer.

> Pourquoi le Gouvernement et la Banque mondiale ont-ils accepté le financement de travaux dont il était prévisible que le budget serait insuffisant pour la réhabilitation durable d'un route importante, avec une couverture de qualité en asphalte (c’est une route nationale tout de même !), sachant que la route se dégraderait rapidement du fait des conditions de sols, de climat de la forêt tropicale et de trafic lourd ?

> Pourquoi la Banque mondiale a-t-elle financé un projet de réhabilitation de route alors que les fameux « Contrats chinois » prévoyaient semble-t-il, ce genre de travaux et, que l'Union européeene intervient aussi dans ce cadre d'aide au développement ?

> Est-ce que l’Office des routes a été associé à l’élaboration du projet, à sa réalisation, et a bénéficié de transfert de compétences dans tous les domaines de l’infrastructure routière, du matériel apporté par les Chinois, d’un contrat d’entretien de la route financé cette fois par l’Etat congolais ? Non, apparemment, cela ne faisait par partie du contrat...

> Pourquoi ne pas avoir imposé les dimensions « Transfert de compétences et Fourniture de matériels » au profit de l’Office des routes pour lui permettre d'assurer sa mission et, l'attribution d'un budget « entretien» prévu au budget national ?

Le Fond Européen de développement a une approche différente de celle pratiquée par les Chinois, que ce soit à Bukavu ou à Kalemie par exemple. Voir Appui à l’Office des Routes à l’Est de la RD Congo

Qui est responsable ? La Banque mondiale, la Compagnie nationale chinoise des ponts et chaussées, Tecsult international Limited, l'Etat congolais, son gouvernement?

Les conséquences de ces travaux qui ont tout de même coûtés inutilement 20.000.000 de dollars et dont tout est à refaire !

3TAMIS

A certains endroits, les véhicules sont obligés d’attendre deux ou trois jours avant de trouver des solutions entre transporteurs et passagers. Ils tirent à la corde ; ils remorquent parfois sans succès. Même les fameuses Toyota Land cruiser n’échappent pas à la règle.

Imaginez, l’attente dans l’humidité, sans hygiène et endroit pour dormir, la faim, le stress d’une éventuelle maladie, de voir ses marchandises pourrir ou se dégrader et donc de subir une perte économique importante, l’inquiétude de l’insécurité… Pour le transporteur, chaque voyage use rapidement son véhicule soumis à fortes tensions, essieux, moteurs, carrosserie, dont le coût des réparations se répercutera sur les prix des transports de personnes et des biens…

La vie sur place est plus que précaire, les besoins de bases ne sont pas satisfaits.

Situations banales en RDC, toujours dramatiques au vu des conditions inhumaines dans laquelle se trouve la population du fait de leur éloignement et de, celles des villes dépendantes de produits importés dont la qualité est souvent douteuse (produits OGM, produits trafiqués, etc.) alors que la RDC devrait être auto suffisante et le pays de l’aliment bio, bref, le paradis sur Terre  !

Et pourtant, non loin de là, des tonnes d’or sont extraites et exportées hors du pays sans retombées ni sur les creuseurs, ni sur les entités décentralisées.

3TAMIS

Faute de routes entretenues, ce sont les avions au service des compagnies privées nationales et internationales peu scrupuleuses du sort des congolais, qui font l’affaire.

Cette situation avait déjà été dénoncées lors d’une réalisation conjointe 3TAMIS - No télé produite par Oxfam Magasins du Monde – Belgique : « Les creuseurs n’ont pas bonnes mines »

Est-il prévu un nouveau projet plus sérieux pour la réconstruction de la RN2, dans le plan quinquennal 2011-2015 du Ministère du Plan ?

Haut de page
RETOUR HOME Page d'accueil