
Contre les violences sexuelles…
Bukavu. La Division Provinciale à la Condition Féminine et Famille du Sud-Kivu, en partenariat avec l’UNICEF a organisé du 13 au 14 février 2007, un séminaire atelier sur le thème : Respecter et protéger les enfants contre toutes formes de violences sexueles conformément à la loi
Une cinquantaine de cadres, officiels de l’administration publique, barmen et hôteliers, responsables d’ONGS et hommes des médias et quelques enfants du Careco – Carrefour d’Enfants du Congo, se sont retrouvés au Restaurant le BOURGEOIS au centre ville.
L’initiative des organisateurs de faire participer les barmen et hôteliers à cette réflexion a été saluée par tout le monde tant leur contribution était attendue et nécessaire.
La cérémonie d’ouverture fut présidée le mardi 13 février 2006 à 10H30 par le vice Gouverneur en charge des finances, Thomas NZIRATIMANA, après les mots de circonstance du Représentant de l’UNICEF, Franck KASHANDO et de Mme Marie-José KAMBAJI, Chef de Division de la Condition Féminine et Famille.
Ils ont stigmatisé la recrudescence des violences sexuelles sur les mineures, au mépris des dispositions légales en la matière et en dépit des efforts investis par les activistes des droits de l’homme et de l’enfant pour endiguer ce mal.
Ils ont encouragé les participants à ne pas baisser les bras et à saisir l’occasion de ce séminaire atelier pour un nouveau ressourcement en vue d’un engagement encore plus déterminé.
La communication de Maître Crispin MUTWEDU, Conseiller juridique du CARECO, parlement des enfants du Sud-Kivu a brossé un aperçu légal sur les violences et la protection de l’enfant. Cette communication complétée par Mme Antoinette NSHANGALUME, 1er Substitut du Procureur de la République a permis aux participants de s’imprégner des dispositions légales en matière des violences sexuelles et surtout des prescrits de la nouvelle loi n°06/018 du 20 juillet 2006.
Des infractions comme l’atteinte à la pudeur, le viol par menace ou violence, la prostitution forcée, le mariage forcé, le proxénétisme, le harcèlement sexuel… ont été expliquées aux séminaristes au moyen d’illustrations et d’exemples concrets.
La seconde communication était plutôt technique et a présenté en synthèse, la situation des violences sur mineures au Sud-Kivu sur base des résultats d’une pré enquête réalisée par le Conseil Provincial de l’Enfance en 2005 et présenté par Mr Marcellin SHABANI, Chef de bureau à la Division de la Condition féminine et Famille.
Si ces données sont à prendre plus comme des indicateurs que comme des chiffres réels, l’intérêt du rapport est de présenter les principales causes des violences sexuelles, surtout de désigner les irresponsables et criminels de ces actes odieux :
> L’irresponsabilité des parents (42, 2% des cas),
> L’impunité, l’obsession sexuelle, la pauvreté des enfants et des familles.
Les principaux bénéficiaires de cette exploitation se trouvent être : Les hôteliers (47%), les parents, les proxénètes, ainsi que les enfants eux-mêmes dans une moindre proportion (16,5%).
Les catégories d’enfants les plus exploités sont : les orphelins (42%), les enfants abandonnés (35,6%) et ceux accusés de sorcellerie…
Les auteurs d’exploitation sexuelle des mineures sont en majorité : des hommes d’affaires (54%), les militaires (36,8%), les agents onusiens…
Toutes ces informations ont donné lieu à un jeu de questions-réponses, un riche débat d’éclaircissement.
Ensuite, les séminaristes se sont réparti en 4 groupes de travail :
- Les officiels (parquet, police, armée, division de la justice, Tourisme, Division de la condition féminine et famille…)
- Les ONGS (UNICEF, ESPED, FSH, 3TAMIS, …)
- Les opérateurs économiques (Hôtels Touriste, Lolango, Métropole, Muman, Trente, KLM, KIZOS…)
- Les enfants (Careco)
Il fallait plancher sur les responsabilités, proposer des pistes de solution à couler sous forme de résolution, et enfin prendre un ou des engagements.
Les participants à ce séminaire d’un jour, se sont engagés à :
> Vulgariser la loi et l’appliquer dans toute sa rigueur
> Former encore davantage les agents sociaux et autres intervenants dans le secteur
> Renforcer le monitoring par un plus grand déploiement sur terrain et une implication de la communauté de base dans la surveillance
> Etablir une cartographie des sites d’exploitation sexuelle
> Faire pression continue sur les instances judiciaires contre l’impunité
> Appuyer les micros crédits pour réduire la pauvreté…
> Avant la cérémonie de clôture, un acte d’engagement a été signé par les partenaires impliqués dans la lutte.
Bukavu sera-t-elle dans un avenir proche, la première ville à protéger ses enfants de toutes malveillances ?
Il appartient à ses responsables de faire respecter la loi. Utopie ?
En fait, quels sont les paramètres qui permettront de voir l’évolution positive de la situation pour chaque groupe concerné ? Quel sera l’implication de la police et de la justice pour sanctionner les délits ? Autant de questions sans réponse…