
De Mathias Pollet – Premières impressions
Mais tu es suicidaire, Mathias ! Tiens-tu vraiment à ta vie ? As-tu vraiment envie de revenir avec deux bras en moins ? »
Ce discours est souvent arrivé jusqu’à mes tympans avant mon départ pour Bukavu.
Il me semble que nombre de gens oublient de prendre un certain recul par rapport à l’information reçue en Belgique. En effet, la violence sexuelle faite aux femmes et enfants dans le Nord et le Sud Kivu n’est pas un secret.
La présence de milices dans ces régions n’est pas non plus un vecteur de paix et de sérénité. Mais, la République Démocratique du Congo ne se résume pas à ça. Loin de là, s’il vous plait.
Six heures de routes m’étaient réservées entre Kigali et Bukavu.
Honnêtement, quel spectacle ! Et non, je n’ai pas vu une seule machette, pas un seul enfant soldat, pas un seul groupe de rebelles.
Par contre, la chance m’a été donnée de contempler des collines magnifiques où toutes les gammes de verts sont un véritable plaisir pour les yeux. Chaque enfant croisé sur la route ne manquait pas de saluer le muzungu (blanc) que je suis.
Et avec un grand sourire, rarissime chez nous.
Parcourir cette route devrait d’ailleurs être prescrit par nos médecins comme traitement contre la dépression.
Mes zygomatiques n’avaient plus travaillé comme cela depuis longtemps. Même un petit singe s’est arrêté pour que l’on fasse connaissance quelques secondes.
Mais durant ce long trajet, je ne savais pas encore ce qui m’attendait à Bukavu. Et je n’aurais pas pu l’imaginer. C’est tout simplement le paradis sur terre. Les panoramas sur le lac ne manquent pas. Et une photo serait beaucoup trop réductrice de la réalité.
Elle ne peut malheureusement pas rendre les odeurs ni la sympathie ou l’hospitalité de ce peuple. Elle ne peut reproduire non plus la musicalité de leur langue qui mélange le swahili et le français. Bukavu est vraiment une ville magnifique.
Enfin, en moins d’une semaine il m’a été donné de vivre un événement attendu depuis 2002 : le début du rapatriement des combattants et civils hutus au Rwanda.
Mathias Pollet, stagiaire HELHA à 3TAMIS

