Éducation,  Politique

Elections 2011 – Les élections à Bukavu

Jour  « J »  des élections présidentielle et législatives

Depuis 6h00 du matin, des millions de congolais se sont rendus dans leurs bureaux de vote afin d’élire leur prochain président et nominer les 500 députés qui constitueront l’Assemblée Nationale.

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Dans la province du Sud-Kivu, à Bukavu et ses environs, les opérations électorales se sont généralement bien déroulées, excepté quelques dysfonctionnements au sein de certains centres de vote.

Sur le site de Malalo, près du monastère de Murhesa (à 20km au nord de Bukavu) dans le territoire de Kabare, l’installation de cinq bureaux de vote était prévue par la CENI – Commission Electorale Nationale Indépendante, mais un seul bureau était fonctionnel. Le matériel et les bulletins de vote manquaient : seulement 600 bulletins de vote étaient disponibles pour des  milliers de personnes  qui se sont retrouvées dans une file d’attente interminable, au point de décourager plusieurs électeurs.

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Certains témoins de partis politiques auraient agit de manière frauduleuse. Ils ont amené des électeurs en difficultés de lecture (les personnes âgées, les analphabètes et handicapés) à cocher inconsciemment  pour des candidats qui n’étaient pas de leur choix.

Malalo est un exemple d’irrégularité parmi d’autres dans les territoires ruraux où les centres de vote n’ont pas été approvisionnés à temps et par conséquent, ouverts tardivement alors que la population s’était réveillée de bonne heure pour être là très tôt le matin, une heure avant, ou plus, à l’ouverture des bureaux de vote.

Ces bureaux ont donc été affectés dans le déroulement du timing prévu (6h00 à 17h00). Pour remédier à cela,  certains sites comme à Fizi, à Mwenga, etc. ont obtenu l’autorisation de prolonger le processus électoral de quelques heures afin que tous les citoyens aient le temps de voter.

Mais ce ne fut malheureusement pas le cas à beaucoup d’autres endroits, comme Murhesa, Kajeje (à la lisière du Parc National Kahuzi Biega), même dans certains centres de la ville… où de nombreuses personnes sont rentrées furieuses et déçues de n’avoir pas réalisé leur devoir de citoyen malgré une journée d’attente. Afin de remédier à cela, certains bureaux de vote qui n’étaient pas approvisionnés à temps ont prolongé  les élections, et ce, jusqu’à ce mercredi 30 novembre.

Le vote du candidat Président de la république a été le plus facile à opérer compte tenu du petit nombre de candidat sur un plus petit bulletin ! Ce qui n’a pas été le cas, même pour des intellectuels, pour se retrouver dans la longue liste des candidats députés nationaux. Imaginez les difficultés encourues par les personnes, en particulier les plus âgées, ou illettrées dépendantes de la bonne volonté des témoins présents dans la salle.

Parlant de ces derniers, ils ont brillé par leur pléthore pour des salles très exigües. La raison de ce grand nombre est à mettre sur le compte du nombre des candidats députés nationaux pour lesquels ils sont témoins. Ils ont été obligés d’observer à tour de rôle, ce qui pourrait être prétexte à contestation, n’ayant pas pu assister à l’ensemble du vote !

Dans la plupart des centres de votes, il a été découvert que l’intérieur des encriers servant à réaliser les empreintes digitales sur les bulletins de vote portait l’inscription « n°3 » bien en évidence à l’intérieur du boitier. Le problème, c’est que « 3 » est aussi le numéro du candidat J. Kabila ! Ce chiffre a généré le doute chez de nombreux observateurs sur ce qui pourrait paraître comme une manipulation illégale de la loi sur la publicité des candidats. Il a été expliqué plus tard que ce chiffre serait une référence de fabrication utilisée par le fabricant chinois. Etait-ce une coïncidence ou une incitation stratégique au vote ?

De nombreuses rumeurs ont inquiété des électeurs qui avaient amené leur stylo personnel : «J’ai reçu un mail dans lequel il était dit que les stylos utilisés dans les centres de vote contenaient de l’encre qui devenait invisible au bout d’une demi-heure, alors par sécurité, j’ai emmené mon propre stylo » explique un électeur au centre de vote de l’Institut Bangu à Bagira.

La question de la fermeture des frontières a également été soulevée. A toute élection dans le pays, les frontières sont fermées. Cette année, la consigne n’a pas été respectée et aucune explication précise n’a été donnée. D’aucuns supposent que certains congolais électeurs habitent de l’autre coté des frontières.

Selon la DGM – Direction Générale des Migrations – l’ordre de maintenir l’ouverture des frontières proviendrait du pouvoir central. De nombreux agents de la DGM généralement affectés à la migration et habituellement postés aux frontières étaient présents dans les centres de vote.

Dans la soirée à partir de 18h00, heure locale, des bureaux de vote se sont transformés en bureaux de dépouillement. C’est là que les observateurs, les témoins et les journalistes étaient appelés à la vigilance. Il s’est agit de recompter d’abord le nombre des inscrits au vote du jour dans le bureau, le nombre de votants et le nombre des bulletins dans les urnes, ensuite d’effectuer la répartition des voix et le comptage pour vérifier que la somme des voix égale le nombre de bulletins et de votants.

Le tout se clôture par l’établissement du procès-verbal des résultats obtenus dans chaque bureau contresigné par les parties prenantes. Imaginez le nombre de signatures !

Cette fois, aucune entorse n’a été rapportée. Le colis constitué et bien scellé ira finir sa course au bureau provincial de Bukavu après avoir transité par le bureau de la circonscription territoriale.

Suite aux irrégularités constatées, la loi électorale n’a pas été scrupuleusement respectée sur le plan de l’horaire : tous les bureaux devaient être en séance de dépouillement à 18h00, mais il y a eu des endroits où des gens étaient encore en train de voter.

D’autres n’ont pu accomplir leur devoir civique que le lendemain 29 novembre 2011 parce que les bulletins de vote étaient arrivés que  tard dans l’après-midi pour se poursuivre encore le 30 novembre !

Il a manqué une semaine pour que ces problèmes logistiques soient résolus. Peut-être que le report des élections aurait évité ces irrégularités et tricheries constatées ?

Dans un calme relatif au Sud-Kivu, les élections se sont tenues à nouveau de manière responsable par la population, comme en 2006.

Les questions ?

Les grandes questions sont de savoir si ces élections seront validées au vu de la loi et si les résultats seront acceptés par tous, sans violence.

Les attitudes critiques et responsables sont recommandées à travers les médias, en particulier aux jeunes fanatiques pour éviter des violences destructrices comme si la province n’en avait pas assez souffert et continue d’en souffrir, dont les terribles violences faites aux femmes et celles de la pauvreté alors que la région est riche…

Elodie Benoit, stagiaire ISFSC – Bruxelles à 3TAMIS

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Déclaration de la MOE UE – Kinshasa, le 1er décembre 2011 : La mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE), dirigée par Mariya Nedelcheva, députée européenne, disposait, pour ces scrutins présidentiel et législatif, de 147 observateurs répartis dans l’ensemble des onze provinces de la RDCongo sur 35 bases urbaines et rurales, plus les 9 zones de Kinshasa.

Cette déclaration est préliminaire et la MOE UE ne tirera aucune conclusion définitive avant la fin de la tabulation et l’annonce des résultats. Un rapport final, reprenant l’ensemble de nos observations, sera rendu public après publication des résultats définitifs des élections législatives.

Rapport UE : Une forte mobilisation de l’électorat dans un processus insuffisamment maîtrisé (.pdf)

Projet 3TAMIS Education à la responsabilité citoyenne et à la cohésion sociale interrégionnale en Afrique centrale financé par :

Coop belge dev 2010

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