Éducation,  Société

Ensemble, tuko nao

Tous ensemble, nous compatissons…

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22 artistes de Bukavu, musiciens, comédiens et chroniqueurs dans une chanson « Ensemble Tuko nao » chantée en français, kiswahili, lingala, en anglais, en mashi et en kirega pour la compassion aux femmes victimes de violences sexuelles.

22 artists from Bukavu, musicians, comedians and columnists in a song « Together Tuko nao » sung in French, Kiswahili, Lingala, English, Mashi and Kirega in compassion for women victims of sexual violence.

« Ensemble Tuko Nao » signifie « Tous, ensemble, nous compatissons ! »

C’est plus que les mots de chaque jour ; c’est une pédagogie d’amour de se rappeler que la femme violentée est toute une humanité brisée dont il nous faut tendrement panser les plaies. Ces jeunes le chantent en des mots très simples et leurs guitares chatouillent.

« Ensemble Tuko nao » réalisé avec l’appui de 3TAMIS est un défi : celui d’embarquer les jeunes contre les préjugés qui les aligne parmi les fauteurs de troubles ou de violences, sans nier l’existence de bandes de jeunes mal encadrés, rejetés et instrumentalisés, victimes de la misère, de la guerre et d’un État sans nom…

Les artistes de Bukavu ont trouvé une astuce pour demander à la communauté, aux autorités de voir, qu’au delà des slogans creux, électoralistes qui n’ont pas tenu leurs promesses, il y a d’autres moyens de participer à la sensibilisation contre le fléau de la guerre.

Avec peu de moyens mais avec beaucoup d’imagination et de générosité, les jeunes ont transformé à leur manière le jugement culpabilisant de la communauté sur la femme violée, «  stigmatisée ».

Un autre objectif est d’interpeller les hommes d’affaires et les politiciens du Sud-Kivu sur le fait qu’il n y a pas que le coltan, la cassitérite et autres commerces qui peuvent ramener les devises. Les ressources proviennent aussi de la promotion du patrimoine  culturel. La musique et le tourisme en sont un gisement certain.

Un peuple qui comprend cela, voit sa vie se transformer, agréablement en une vitesse incroyable.

C’est un plaisir d’écouter et de voir ce clip de 7 minutes, « Ensemble Tuko Nao », une chanson réalisée par 22 artistes connus de Bukavu en vue de compatir avec les femmes victimes des violences sexuelles.

La femme : une valeur sûre, unique,
La femme, notre mère, notre sœur, notre épouse est le berceau de toute vie, pilier de toute nation.

Jean-Moreau Tubibu

Ensemble tuko nao1

Le clip a été réalisé par 3TAMIS sous la direction de Robert Cirimba et Gaytt Ngelesa, l’initiateur du projet.

3 réunions préparatoires du clip ont eu lieu au bureau de 3TAMIS pour discuter sur la faisabilité du tournage et du montage.
25 heures de montage aux 3TAMIS avec Robert Cirimba,

4 séances de tournage soit 4 jours,

Lieux de Tournage : Commune d’Ibanda, collège Alfajiri, à Nguba dans le quartier, sur l’artère principale et au complexe scolaire Etoile. A Bagira dans le quartier et à l’institut de Bagira.

Enfin à Panzi au centre Dorcas qui encadre les femmes violées, où ces 22 artistes se sont mobilisés pour présenter leur spectacle en vue de leur apporter un sourire.  Ils ont remis quelques vivres à ces femmes rencontrées au centre Dorcas.

Ensemble Tournage clip

Ce clip de 7 minutes a été réalisé avec comme matos:
– 1 caméra Sony HVR-Z5 E
– 1 groupe électrogène,
– 3 mandarines,
– 1 enceinte amplifiée,
– 1 lecteur CD audio,

Le dimanche 7 mars 2010 dans la salle de l’Alliance française, à la veille de la commémoration de la Journée Internationale de la Femme, au-delà des défilés et d’autres manifestations festives, le clip a été présenté devant près de 200 personnes en présence du Ministre provincial de la culture et des arts et le commandant des opérations Kimya II.

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Il paraît que l’histoire d’un peuple s’écrit par le sang,

Et par le sang, nos mères femmes et filles ont scellées le destin de nos enfants.

Il faut essuyer leurs larmes, il faut effacer leur honte, elles resteront à jamais gravées dans nos cœurs.

Nos mères et nos sœurs violées
Elles sont rejetées pour cette cause
Que cela ne soit pas une raison pour nous de les abandonner
Elles sont en difficultés et elles ont encore besoin de notre soutien

A cause du viol, beaucoup souffrent des maladies et meurent
Tout ceci détruit la vie
Cela fait des années que l’on pleure
Dans les villes comme dans les villages les femmes sont violées
Et après les pleurs, ce sont les cris de détresse de nos mères victimes

Nous sommes en compassion avec vous à Masisi, Rutshuru, Kaniola, Mwenga, Shabunda, Rumangabo, tous, ensemble avec vous…

Le cœur a dû prendre des stress, nos sœurs, nos mères vivent  dans la souffrance
Les couleurs changent, mais le règne de la violence reste
Peine, peur…, scènes qui restent gravées dans nos cœurs.

Ne t’inquiètes pas ;  je sais que ton cœur est brisé yeah
Mais si tu crois en Dieu, ta vie peut changer oh yeah
Le viol est si mauvais
Mais pardonne à tous ces fous qui le font dans le monde hooo heiyee

Nous ne vous abandonnerons pas
Nous ne vous délaisserons jamais oh Maman
Même si vous avez été humiliées, vous resterez nos mères.

Dans nos villages, comme dans nos villes
Les femmes sont vraiment violées

Si tu pouvais savoir combien je suis malade à la seule volée, de laisser la nation périr à travers les violences sexuelles que subit la femme congolaise

Heeeey ! Essuies tes larmes et regardes devant toi… ton avenir, écoutes ton cœur et dit à cœur ouvert : j’étais, je suis et je resterai une femme au cœur d’or.

Si tu violes une femme, tu n’es qu’un sot car tu ne fais que violer ta propre mère
Elle reste ma mère. Je ne l’abandonnerai jamais !

Donnons leurs l’espoir
Encourageons les à dire « Oui Nous pouvons »
Aidons-les à comprendre que nous les portons au fond de nos cœurs et nous ne les abandonnerons jamais

Ole ole, hola hole, ces larmes coulerons… fertiliserons la terre pour que demain, de la souffrance germe une nation paisible et prospère

Pitié, pitié, pitié…
Je suis très affligé de l’histoire de l’Afrique
A chaque levée et couché du soleil, les échos des viols des femmes nous parviennent sans cesse
Ces actes ignobles nous attristent
A quand la fin de ces actes. Nos mères en souffrent
Regardez ! Ayez pitié,  respectez nos mères
Stop aux violences sexuelles

Courage maman! Courage ma sœur!
Mon amour, je ne te quitterai pas, quoique violée
Sans cesse, je continuerai à te soutenir pour qu’ensemble,
Nous bâtissions l’avenir de nos enfants

Plusieurs femmes pleurent
Parce qu’elles n’ont pas la parole dans ce monde
Notre père céleste, aie pitié de nous

Maman ! Ne te suicides, pas c’est la réalité actuelle
Nous n’avons pas à nous venger, prions seulement Dieu
Qu’il leur pardonne car ils ne savent pas ce qu’ils font

La femme est l’espoir de la nation
Restaurons sa dignité, pour les atrocités qu’elle a subies
Aidons ces femmes victimes des viols

Tous ces enfants nés du viol
Ont aussi les mêmes droits que d’autres enfants
Nous devons les aimer, les considérer et leur donner le même traitement

Donnons-leur l’espoir
Encourageons les à dire « Oui Nous pouvons »
Aidons-les à comprendre que nous les portons au fond de nos cœurs et nous ne les abandonnerons jamais

Une dédicace pour nos mères, femmes, sœurs, filles bien aimées… que nous avons abandonnées à leur propre sort. Elles ont été maltraitées, souillées, humiliées pendant la guerre.

Il y a encore de l’espoir pour elles, alors ne les abandonnons pas à leur triste sort… elles ont encore besoin de notre soutien !

Constitution de la RDC

La Constitution de la RDC de 2005 reprend pourtant en son chapitre 1er « Des Droits civils et politiques », particulièrement en ses articles 14, 15 et 16, les postulats suivants :

Article 14 : Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits.

Ils prennent dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation.
Ils prennent, des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée.
La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales.
L’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions.
La loi fixe les modalités d’application de ces droits.

Article 15 : Les pouvoirs publics veillent à l’élimination des violences sexuelles.

Sans préjudice des traités et accords internationaux, toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l’intention de déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est érigée en crime contre l’humanité puni par la loi.

Article 16 : La personne humaine est sacrée. L’État a l’obligation de la respecter et de la protéger.

Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l’ordre public, du droit d’autrui et des bonnes mœurs.
Nul ne peut être tenu en esclavage ni dans une condition analogue.
Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant.
Nul ne peut être astreint à un travail forcé ou obligatoire.

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