Éducation,  Société

Journée internationale de la Femme 2010 à Bukavu

Aussi longtemps que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, il sera toujours nécessaire de la célébrer…

La journée de la femme est un évènement de grande ampleur ici à Bukavu, comme partout en RD Congo. Il draine chaque année des milliers de personnes : femmes, hommes et enfants.

Cette année, en RDC,  la fête était placée sous le thème: “Le progrès pour tous par la parité homme-femme dans un Congo cinquantenaire”. Au-delà de l’intérêt des groupes et associations de femmes militantes de manifester pour faire aboutir leurs revendications, pour améliorer la Condition des femmes, l’occasion a permis de mettre les femmes à l’honneur et fêter leurs avancées.

Parti de la cathédrale, le point de chute du cortège se situait à l’hôtel métropole à La botte (quartier Nyamoma). Il n’a malheureusement pas fallu attendre longtemps avant qu’une pluie diluvienne s’abatte sur les milliers de gens présents à l’évènement…

Loin de gâcher la fête, les femmes ont malgré tout continué à défiler et la fanfare à jouer, avec comme dénominateur commun le port de pagnes aux motifs colorés et des calicots porteurs de messages interpellateurs sur le genre, la parité, l’égalité des chances etc.

Lors des discours qui ont clôturé cette journée du 8 mars, Madame Jacky Ngengele, chef de division du Genre, famille et enfant a souligné le caractère universel de celle-ci, « sans distinction de race, de tribu, de sexe ou de nationalité ».  Elle a aussi rappelé un point important, à savoir que l’égalité revendiquée ne devait pas être mal prise, ni comprise comme une rivalité ou une concurrence par rapport aux hommes, mais plutôt comme une complémentarité.

Le secrétaire général de l’ONU, par la voix de Aliou Sene, chef de bureau de la Monuc Bukavu a quant à lui déclaré que l’égalité pour les femmes et les filles était aussi un impératif économique et social. « Tant qu’elles n’auront pas été libérées de la pauvreté et de l’injustice, la réalisation de tous nos objectifs (paix, sécurité, développement durable) sera aléatoire. » Il a ensuite salué les progrès en la matière, dus en large partie aux efforts des organisations de la société civile : la plupart des filles vont maintenant à l’école, davantage dirigent des entreprises etc. Mais il reste néanmoins beaucoup à faire !

En effet, la violence contre les femmes est toujours un motif de honte partout dans le monde. « Les stéréotypes sexistes et les discriminations fondées sur le sexe persistent dans toutes les cultures et sociétés. Mariages forcés, crimes d’honneur, abus sexuels, traite des jeunes femmes et filles persistent, voire même sont en hausse ! » C’est, nous dit-il, le rôle de chacun d’agir à son niveau pour améliorer la participation des femmes et des jeunes filles dans les affaires de la cité.

Dans son discours de circonstance, le vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu, Jean-Claude Kibala Nkolde a d’abord retracé l’historique de cette journée du 8 mars (voir ci-dessous). « Si, en un siècle, les femmes ont conquis l’égalité juridique, politique, et dans une large mesure économique dans la plupart des pays du monde, cette égalité est cependant restée largement théorique, et reste à être appliquée dans les faits ! » Or, nous dit-il, « le respect des femmes est un des principaux préalables et piliers pour la paix en RDC. » Selon lui, deux défis majeurs restent à relever : d’une part, la poursuite du processus de la représentativité numérique des femmes dans les institutions nationales, provinciales et locales ; et d’autre part, la lutte tout azimut contre l’impunité des violences sexuelles faites à la femme grâce à l’application de la politique « tolérance zéro ».

Marche femmes

Il a ensuite parlé de la marche mondiale des femmes qui aura lieu du 17 au 21 octobre 2010 à Bukavu, dont les objectifs principaux seront « d’informer et de sensibiliser l’opinion public congolaise et internationale sur la situation de la femme congolaise, de mobiliser les femmes du monde derrière les femmes congolaise pour l’instauration d’une paix durable en RDC et de promouvoir les échanges entre les femmes du monde. » Il a par ailleurs félicité les initiateurs du plaidoyer ayant conduit à la décision de réaliser la marche mondiale des femmes à Bukavu.

La mobilisation était donc générale ce lundi, mais pour quels résultats ? Quel avenir pour ces beaux slogans et ces longs discours plaidant pour une parité homme-femme, contre les violences faites aux femmes, pour une amélioration générale des conditions des femmes… Les mots s’incarneront-ils dans des actions concrètes et efficaces ? L’avenir nous le dira…

La journée s’est terminée au rythme de la nouvelle chanson de compassion pour les femmes victimes de violences sexuelles, réalisée grâce à la collaboration entre 22 artistes de Bukavu et 3TAMIS. Intitulée « Ensemble, Tuko Nao », elle a été diffusée sur les hauts parleurs pendant que la foule se dispersait pour rejoindre les différents, restaurants, bars et night clubs de la ville où la fête a battu son plein jusqu’aux petites heures de la nuit.

Dans un contexte congolais caractérisé par de trop nombreux cas de violences sexuelles commises sur les femmes, surtout dans l’Est du pays, cette journée reste donc d’une brûlante actualité.

Et aussi longtemps que l’égalité entre les hommes et les femmes ne sera pas atteinte, il sera toujours nécessaire de la célébrer…

Perrine Collard

Marche femmes

La marche mondiale des femmes aura lieu à Bukavu du 17 au 21 octobre 2010…

Comment est née la journée internationale des droits de la femme ?

Elle trouve son origine dans les manifestations de femmes au début du XXe siècle en Europe et aux États-Unis qui réclamaient alors l’égalité, de meilleures conditions de travail et le droit de vote.

Mais la proposition pour une journée internationale des femmes a véritablement été formulée pour la première fois en 1910 par Clara Zetkin, lors de la conférence internationale des femmes socialistes. Cela fait donc exactement 100 ans depuis que l’idée a été lancée.

Mais c’est seulement en 1977 qu’elle sera officialisée par les Nations unies.

Depuis lors, la journée de la femme est une journée de manifestations à travers le monde entier.  (Source : http://8mars-online.fr)

En savoir plus

> À propos du 8 mars – 8 mars on line.fr

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