
Kalemie – Projections Enfants accusés de sorcellerie – Pont de Nyemba
Thêmes : Sorcellerie et réhabilitation du pont de Nyemba
« Angalisho na mambo ya ulozi » en français « Attention sorcellerie, problèmes » sur les enfants victimes de croyances autour de la sorcellerie.
Le phénomène « Enfants accusés de sorcellerie» existe dans les villages de l’intérieur et dans les cités et villes de la RDC, ailleurs en Afrique. A Kalemie, les ravages causés par les croyances, l’ignorance et les peurs existent depuis toujours et les guerres n’ont rien arrangé pour éradiquer cette violence faite à des personnes dites faibles, par exemple aux femmes âgées que l’on accuse d’être la cause de maladies comme le choléra à chaque saison des pluies. Avec la conséquence d’assassinat par le feu…
Aujourd’hui ce sont les enfants de Kalemie qui souffrent d’une telle ignominie : Les croyances religieuses, la pauvreté et la prolifération des sectes, l’absence d’un Etat de droit, sont à la base de maltraitance sur les enfants qui sont chassés du toit familial et exclus de la communauté. Ils errent alors dans les quartiers et les rues. Vous pouvez imaginer comment ils peuvent être exploités : main d’œuvre bon marché, objet sexuel, objet de défoulement violent.
A défaut d’un Etat responsable, les parents sont appelés à plus d’amour et de responsabilité. Les changements attendus de la 3ème République incluent aussi la reconversion des mentalités nouvelles de la société où les enfants ont droit à être respecter pour ce qu’ils devraient être, uniquement des enfants.
Vu l’importance du documentaire, la section des droits de l’homme et information publique de la Monuc, le Centre audio visuel de Kalemie, le conseil Inter-Eglises et toutes les associations oeuvrant dans ce domaine, ont organisé le mardi 10 juillet dans la salle de spectacle de l’Hôtel du Lac, la projection du documentaire réalisé par le CAVK, en vue de soutenir tous les efforts qui sont menés sur la protection de l’enfant.
Au moins 123 personnes ont pris part à ces assises. Le documentaire a suscité un débat houleux où les organisations ont essayé de définir la sorcellerie comme un fruit de pauvreté, de la haine et de la jalousie, tout en rappelant que la constitution du pays ne reconnait pas la sorcellerie. Pourtant, des personnes continuent d’affirmer que la sorcellerie existe…
L’existence de la croyance est un fait social, évidemment, mais la réalité des faits montre qu’il s’agit plus de pratiques criminelles que de soi disant pouvoirs du sorcier.
Pour l’autorité du District qui a présidé le débat : « Que la sorcellerie existe ou non, nous devons à tout pris, chercher à sauver les enfants victimes de ce phénomène.
Les participants ont souhaité à ce que les églises qui ne sont pas en ordre avec les documents d’autorisation soient fermées parce qu’elles sont souvent à la base de la maltraitance comme de brûler des enfants avec des bougies pour soi disant faire fuir le démon qui habiterait l’enfant ou tout autre raison absurde… sauf celle de gagner un peu d’argent.
Les confessions religieuses sont interpellées sur leur devoir d’éducation et d’information sur les croyances comme l’emprise d’un démon sur l’enfant ou sur toutes personnes d’ailleurs. Elles ont la responsabilité de condamner énergiquement toute forme de violence à l’endroit de l’enfant quelqu’en serait la justification.
L’État doit aujourd’hui assumer ses responsabilités envers les enfants.
Le programme de projection se poursuit avec les enfants de la 3ème jusqu’en 6ème primaire : au Lycée Amani, dans la salle paroissiale Christ Roi, Centre Neema, Kituku, Ep Lubuye et Bureau de la cité.
« La réhabilitation du pont ferroviaire de Nyemba » retrace toute l’histoire des travaux de la réhabilitation de ce pont, essentiel à la revitalisation économique et sociale des provinces des régions de l’Est. Le CAVK a assuré la couverture de ces travaux depuis la fabrication du pont en Belgique. La Coopération technique belge en est le producteur.
Ces réalisations ont été projetées dans le cadre du projet « Education à la citoyenneté pour la démocratie et la prévention des conflits » financé par la Coopération belge au développement et à titre de partenaire des 3TAMIS, responsable de projet ECDPC.
Les projections
La technique et le carburant ont été fournis par le CAVK. C’est près de 300 kg de matériel qui a été mobilisé : grand écran de 2×2 m., ampli de 1.000W, 2 enceintes de 500W, mixette et 2 micros, vidéo projecteur, lecteur DVD, magnétoscope et divers accessoires et un groupe électrogène…
Heureusement, la MONUC a répondu présent pour la logistique et la sécurité avec ses véhicules conduit par les Béninois, « engagée » par Marie Eve de la section information de la radio Okapi à Kalemie.
Depuis 2004, la Radio Okapi associé à la MONUC, soutient les actions du CAVK par une contribution concrète en terme de mise à disposition de matériel, de logistique comme les hélicoptères pour sensibiliser les citoyens aux élections dans les coins les plus reculés.
Les projections ont eu lieu dans les quartiers habitués aux séances du CAVK : Kichanga à 8 km vers l’aéroport, Lubuye à 7 km vers Institut Lubuye, Kisebwe sur la rive gauche de Lukuga, Maendeleo au centre ville, Kamkolobondo sur les rives du Lac Tanganyika, Quatre coins au centre de la cité de Kalemie, Bureau de la cité sur la route de Moba.
Evidemment l’entrée est « libre ». Tout le monde veut profiter de l’évènement. Sans exagérer, près de 9.000 personnes ont assisté à ces spectacles !
L’animation a été assurée par l’équipe du CAVK, le chef de cité Mme Opportune Bilonda, Mr Musafiri, le président de l’inter Eglises et son adjoint le pasteur Kaite. Les débats se font toujours en langue locale.
Sujet captivant pour la population, très attentive aux images et aux paroles. Les gens ont été surpris que l’on aborde en public ce sujet délicat, car souvent cela divise les familles, les amis sur la réalité du phénomène social qu’est la sorcellerie.
A la suite du débat, ils n’ont pas caché leurs impressions :
« Nous remercions le CAVK d’avoir réalisé ce documentaire. Cela interpelle les parents irresponsables vis à vis des enfants accusés de sorcier. Nous devons aimer nos enfants quoi qu’il arrive »
« Est ce que tous ces enfants là sont nés sorciers ou est ce que cela vient de nos parents qui « donnent » aux enfants ? »
« Beaucoup de parents sont à la base de ce phénomène parce que la deuxième femme n’arrive pas à accepter les enfants de la femme légitime, par conséquent ils doivent quitter le toit paternel » a dit une jeune fille de 15 ans.
« Vous touchez du doigt nos blessures, nous qui avons connu ce cas. Nous disons non aux sectes qui accueillent les enfants soit disant sorcier, non aux pratiques de jeûne imposé aux enfants, les enfants sont brûlés, frappés comme un serpent. Nous parents, prenons nos responsabilités et évitons de croire à la sorcellerie… »
« Nous demandons aux autorités gouvernementales de créer de l’emploi afin de réduire le chômage, d’améliorer la qualité de vie de la population. Aux autorités locales de protéger les enfants victimes de la croyance à la sorcellerie et prendre de disposition à l’égard des parents qui abandonnent les enfants »
« Nous les enfants nous sommes victimes de la sorcellerie, nous ne savons pas l’origine. Nous pensons qu’à travers ce film nous serons protégés par nos parents et les autorités politiques »
Des réponses ont été données par les animateurs.
Pour le pont de Nyemba. Les gens de Kalemie n’ont pas eu la chance de se rendre à l’inauguration le 7 mars 2007. Les images sur écran géant étaient pour eux une occasion de vivre l’ambiance du jour, d’apprécier la qualité de ce pont tout neuf qui relie le Katanga au Kasaï et au Manièma, de dire merci au gouvernement belge, à travers la projection du centre audio visuel de Kalemie.
« Nous avons entendu parler de la réhabilitation du pont et son inauguration, c’est une grande joie de nous faire revivre la journée du 7 mars et nous disons merci à toute l’équipe du CAVK ainsi qu’au gouvernement Belge qui vient de concrétiser son implication dans la reconstruction de notre Pays»
« Nous demandons à la SNCC quil y ait plus de train Lubumbashi, Kalemie, Kindu, pas une fois par mois comme nous le constatons depuis l’inauguration »
Dans la situation actuelle, la question est aussi de savoir comment la SNCC va préserver l’ouvrage d’art, des pilleurs de métaux, de treillis des gabions ou de pierres…
Espérons que par ces témoignages, le message soit passé et que tôt ou tard ce programme de sensibilisation donnera ses fruits.
Une action est envisagée à l’intention des élèves car l’éducation à la vie, au respect de l’être humain, à l’analyse critique des situations, se fait au plus jeune âge.
Après ces projections, le CAVK a produit un documentaire avec l’ONG Solidarité sur la lutte contre le Choléra par la reconstruction des ouvrages hydrauliques et des latrines familiales à la cité de Kalemie.
Des images extraites d’une des toutes premières réalisations du centre, « Choléra Inarudi – Le choléra revient » de 1996, ont été ajoutée au document !
La production sera suivie de 4 projections en dehors de Kalemie dans les villages de Tabac à 15 km, Mtoa à 30 km, Kasenge à 35 km et Kayombo à 20 km de Kalemie.



