
Kalemie – Retour des réfugiés de Tanzanie et de Zambie
Réfugiés en Tanzanie et de Zambie, le rapatriement des réfugies congolais se poursuit. Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, le HCR, finance et organise ce transfert en partenariat avec la Caritas de Kalemie pour la distribution des aliments, Médecin du Monde pour la santé et l’ERUKIN, ONG nationale de Kinshasa qui s’occupe de la sensibilisation et éducation des réfugiés congolais.
Le 12 avril 2007, le premier bateau est arrivé en provenance de la Tanzanie. Le 5 mai, le deuxième convoi est venu de Zambie. L’effectif total des réfugiés ainsi rapatriés est d’environ 1.800 personnes de tout âge.
Ce serait un retour volontaire.
C’est un signe fort qui est donné suite au changement de situation sécuritaire et politique du pays depuis les premières élections démocratiques de la République Démocratique du Congo, organisées en 2006. Il est temps de rentrer chez soi !
En 2004, DigitalCongo cite dans son article, qu’il y avait des réfugiés issus de plusieurs communautés ethniques (bemba, babuyu, bavira, bafulero et bashi) dans trois sites différents, en l’occurrence le site de Lugufu 1, à 70 km de Kigoma, où leur nombre avoisine 60.000 personnes. Il y a aussi le site Lufugu 2 (80 km de Kigoma) où ils sont près de 35.000 réfugiés. Enfin le plus grand camp, celui de Nyaruguru, à 167 km de Kigoma où ils sont près de 60.000.
Aujourd’hui, selon le HCR, en Tanzanie, aux camps Lugufu 1 et 2, ils étaient au nombre de 14.000 congolais. 4.000 ont accepté de rentrer. Le premier convoi a amené 424 personnes. 3.506 congolais seront rapatriés au mois de juillet.
En Zambie, aux camps à Polokoso et Kawambwa situés dans la province de Mansa l’effectif était de 46.000 congolais. Les « volontaires » au retour sont 34.000. Deux convois ont amené 1.200 personnes.
C’est à la suite des guerres commencées en 1996 que ces familles se sont réfugiées à l’étranger. C’est donc après plus de 9 ans d’exil pour certains qu’ils reviennent.
La vie dans un camp de réfugié est encore plus compliquée parce que soumis à des contraintes particulières au camp et par celles du pays d’accueil.
Aujourd’hui, à Kalemie, peu de choses sont connues sur les activités dans ces camps : s’il y avait des écoles, de l’artisanat, des centres de santé, un soutien aux maman, s’il y avait des ONG pour la formation, l’agriculture, l’artisanat, la formation professionnelle des jeunes, si la relation avec la population du pays d’accueil était facile, s’il était possible de développer de petites activités commerciales ou artisanales en dehors du camp, quelle était l’emprise des religions, des sectes, y avait il un service de police, un tribunal, des relations avec les familles restées au pays… est ce qu’il y avait une politique d’intégration par les pays d’accueil ? Y a-t-il eu des mariages « mixtes » ?
A l’intérieur du camp, la vie a bien sûr repris ses droits avec les petits commerces et les jardins pour survivre.
Finalement que sait-on sur ces personnes exilées pour cause de guerre et qui nous reviennent ? Est ce qu’ils reviennent avec « un plus » en terme de formation et de capacité d’entreprendre, ont-ils suivi l’évolution politique du pays par la radio sans doute… ?
Sont ils devenus des étrangers dans leur propre pays ?
En attendant, le bateau Liemba venant de Tanzanie n’ayant pu accoster, une opération de transbordement a du être faite entre ce bateau et le bateau Pacifique, de tirant d’eau plus faible.
Les réfugiés rapatriés sont réinsérés dans leurs familles respectives après 48 heures au site de transit où ils ont reçu un « kit de ménage ».
Le camp de transit de Kalemie a une capacité d’accueil de 600 personnes. Il est situé à Lubuye près de l’institut technique.
Une famille de 2 à 5 enfants reçoit 7 sacs farine de maïs de 25kg, 4 litres huiles USA, 25 kg petit pois, pas du sel ni savon. C’est suffisant par rapport au nombre de personne par famille pour 3 mois renouvelable 1 fois.
Sans enfants, un adulte reçoit 5 sacs de farine de 25 kg, 4 litres huiles USA, 10 kg petit pois. Ce sont les vivres du Programme Alimentaire Mondial (PAM).
« Le kit de ménage » comprend par familles avec enfants : 5 couvertures, 1 bâche, 1 houe, 1 machette, 1 pioche, 2 bidons en plastiques, 1 seau en plastique et 4 casseroles. Sans enfants, 2 couvertures, 1 bâche, 1 houe, 1 machette, 1 pioche, 2 bidons en plastique 1 seau en plastique et 2 casseroles.
Les originaires de Kalemie sont allés chez eux à Kalemie, aux quartiers de Kapulo, Regeza, Mulongo, Kamkolobondo et dans les environs à Tabac, Mtoa, Muntakuya, Katibili et Tembwe. Ce fut la joie des retrouvailles !
Mais la réalité de la vie les rattrape. Les conditions d’accueil sont difficiles : Leurs anciennes maisons sont en mauvaise état, et pour la plupart ont été vendue par des membres de familles. On peut imaginer les conflits… Toutefois, un service de médiation et d’accompagnement d’installation composée de 5 personnes est mis en place.
Ils doivent s’intégrer à nouveau dans un cadre qui a changé, créer leur entreprise et commerce, prendre place, face à la concurrence, suivre de nouvelles règles de vie… Ce ne sera pas facile pendant un temps !
Le HCR – Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies
Un recensement a été effectué dans les quartiers et villages pour savoir le nombre de retournés dans les quartiers. Il y aura un suivi de monitoring soit une surveillance médicale en continu ou à intervalle.
A Kalemie, le budget prévu est de 143.000 $ pour 6 mois jusqu’en 2008.
Le personnel engagé par le HCR est constitué de 20 femmes et d’hommes, 6 agents sociaux, 6 personnes chargées de l’enregistrement des personnes, tous diplômés en commercial, pédagogie, gradué en administration de gestion, en économie et de 30 autres employés travaillant pour assurer l’entretien des logements et l’accueil.
En plus des 8 véhicules et 6 motos du HCR, il y avait des 4×4, motos et camions mis à disposition par Médecin du monde, Caritas, et 6 camions du contingent Béninois.
Satisfait de l’opération, Monsieur Philippe Creppy, responsable UNHCR à Kalemie, s’est exprimé au micro du CAVK : « Je suis content du fait qu’avec ces 2 premiers convois, les refugiés rentrent dans leurs familles respectives en toute sécurité et dignité ; C’est un succès lorsqu’on sait que les bénéficiaires ont retrouvés leur famille… »
Mais les responsables de l’Etat congolais sont tout aussi démunis que la population. La seule chose possible mais combien importante est de soutenir moralement le travail du HCR et de ses partenaires, faciliter son action en coopération avec les différents services et accueillir par des paroles de bienvenues au pays, ces victimes d’une guerre qui les a séparés. Et tant que faire se peut, assurer leur sécurité comme pour celle de toute la population, mais cela est une autre histoire, une histoire en train de se construire vers la paix…
Pour officialiser ce projet, le vice gouverneur du Katanga, Monsieur Yav Chibal a effectué une visite à Kalemie, jusqu’au site de transit pour s’enquérir de la situation et de l’accueil des réfugies. Interviewé par les journalistes de la place, le gouverneur a apprécié l’état du camp, encouragé l’UNHCR pour son travail. Le vice gouverneur s’est ensuite rendu au port pour accueillir les frères congolais.
Comme vous le savez, le port de Kalemie connaît de sérieux problèmes pour l’accostage des bateaux : il est fortement ensablé du fait de la mauvaise gestion du port et du territoire côtier. La conséquence est que le trafic maritime est fortement réduit, certains bateaux n’accostent plus à Kalemie du fait de l’obligation de transborder passagers et marchandises à quelques encablures des quais, ce qui augmente le coût et les risques. Le pont ferroviaire de Nyemba réhabilité va permettre l’augmentation des échanges entre région de l’Est mais il risque d’avoir engorgement au port, le temps de procéder au dragage de son chenal.
Un projet de dragage, financé par la Coopération belge, devrait être mis en œuvre en 2008.
Content de rentrer, les réfugies donnent leurs impressions : « Nous sommes fiers de rentrer chez nous et surtout dans nos familles parce qu’être à l’étranger comme réfugiés ce n’est vraiment pas facile… »

