Voilà déjà trois semaines passées à Bukavu.

J’aime insister sur les aspects positifs de la vie.

Mais là, j’ai besoin d’écrire un coup de gueule…

En visionnant des reportages réalisés par 3TAMIS sur les violences sexuelles, j’ai été outré et écœuré des réactions de certains époux de femmes violées.

Une femme se confie à la caméra et raconte son histoire, sa tragédie. Accompagnée de ses enfants et de son père, elle se rendait au champ. Une bande de rebelles les attrape.

Cette femme voit sa fille de six ans se faire violer devant son nez. Après en avoir fini avec la jeune fille, les monstres décident de massacrer tout le monde à l’exception de la mère de famille qui est emportée dans leur camp.

Elle devient leur objet sexuel pendant trois mois. Mais elle parvient à s’échapper et revient dans son village après quelques jours de marche, sans avoir mangé ni bu.

Elle retrouve son mari. Mais apparemment, elle n’a pas encore assez souffert…

Son mari décide de l’abandonner car il ne parvient pas à lui accorder le pardon. Car elle a dû le lui demander…

C’est à ce niveau que je n’arrive pas à comprendre ces différences culturelles. Quand quelqu’un se fait violer, cette personne est la victime et non l’agresseur. Si l’on demande le pardon, cela suppose que l’on soit fautif !

Or, je doute fortement qu’une femme accepte de se faire violer sans broncher.

Dans ce cas-là, le mot adéquat serait « adultère » et non « viol ». Comment peut-on réagir de la sorte ?

Personne ne souhaite voir se femme abusée sexuellement. Et si l’homme a bel et bien épousé sa femme par Amour, il ne peut la rejeter de la sorte.

A moins qu’il soit un monstre lui aussi. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Dans plusieurs reportages, j’ai pu voir des femmes demander pardon d’avoir été violées.

Et trop d’époux décident de les abandonner.

Et quand j’en parle autour de moi, certains me rétorquent : « Tu accepterais que ta femme soit violée ? Ne serais-tu pas déshonoré ? ».

Alors, je ne comprends plus. Ils affirment corps et âme avoir la foi et se disent catholiques pratiquants.

Pourtant, quand ils se marient devant l’Eglise ils promettent « jusqu’à ce que la mort nous sépare ».

Dans ce cas, je me permets de remettre leur foi en question…

Quoi qu’il en soit, il m’est difficile d’accepter cela.

Alors, est-ce une pratique culturelle, traditionnelle ou coutumière ? Devrait-on du coup tout accepter sous prétexte que les cultures sont différentes ?

A mes yeux, cette situation n’est pas normale. Les femmes mettent au monde nos enfants. Un travail difficile que les hommes ne connaissent pas. Alors, ne continuons pas à les assommer.

Par contre mesdames, je vous tire mon chapeau. Quel courage !

Mathias Pollet, stagiaire HELHA à 3TAMIS

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