Murhesa, du 18 au 20 août 2011. Les pouvoirs publics, les acteurs de santé et la société civile renforcés en matière d’assurance santé généralisée au Sud-Kivu

3TAMIS a organisé un atelier de formation ayant pour thème, le renforcement des pouvoirs publics et des acteurs de santé en capacité de communication en matière d’assurance santé solidaire généralisée au Sud-Kivu.

Ce premier atelier fait suite au projet de partenariat entre la province du Hainaut et celle du Sud-Kivu dans le programme de coopération décentralisée : Programme Solidarité Santé, en abrégé, PSS.

L’idée est que :
La réussite du programme « Renforcement des pouvoirs publics et des acteurs de santé via la mise en œuvre des prémisses d’une assurance santé solidaire généralisée », dépendra de la capacité à comprendre, à expliquer, à sensibiliser afin d’assurer pleinement et professionnellement les responsabilités d’acteurs de santé.

L’intégration, la compréhension du programme est une chose fondamentale à considérer par chacun. Des séminaires de travail, stratégie et programmation, auront lieu au niveau provincial. Toutefois, un accompagnement permanent via une communication efficace est à réaliser au niveau local afin de conforter le rôle de chaque opérateur dans sa mission.

Dans ce cadre, les personnes relais que sont les acteurs de terrain accompagnés par des outils de communication ont un rôle à jouer pour accompagner ce processus. Si les structures concernées sont d’abord, les pouvoirs publics provinciaux et les acteurs de santé, les pouvoirs locaux, les acteurs de terrains, les personnels de santé de chacune des zones ainsi que la population doit être « renforcé dans sa capacité à comprendre, tenir compte et s’approprier » l’enjeu politique, économique, social, culturel, environnemental qu’est l’assurance santé solidaire généralisée.

3TAMIS

L’atelier a  réuni une trentaine des participants du 18 au 20 août 2011 au grand séminaire de Murhesa. Ils viennent du comité de suivi technique, de l’inspection de la santé, des pouvoirs publics et coutumiers de l’axe Nord à partir de Bukavu, c’est-à-dire de Katana, Kalehe et Idjwi, des prestataires des soins de l’axe Centre c’est-à-dire ceux de Bukavu, Kabare, Miti, Nyantende, Nyangezi, des zones de santé (de l’axe Nord et Centre) et trois médias de Bukavu : la RTNC Radio-Télévision Nationale Congolaise, VSTV Vison Shala Télévision et 3TAMIS, alors que Radio Maendeleo, invitée, ne s’y est pas intéressé.

Les responsables locaux, publics, chefs coutumiers, acteurs de santé locaux, les médias sont les maillons indispensables d’une stratégie d’adhésion de la population.

Chacun sait l’importance des relations Pouvoirs locaux / société civile de proximité dans l’accomplissement du devenir des villages et contrées. Cette articulation stratégique est nécessaire et doit être développée lorsqu’on sait qu’une stratégie de santé est basée sur la responsabilisation des acteurs de proximité. Dès lors, la part de réhabilitation de l’ensemble de ces acteurs locaux et régionaux vivant « en zone de santé » doit permettre ces adhésions. 

Une approche innovante par les médias
Les médias sont sans conteste un des outils privilégiés pour l’appropriation du local (pouvoirs publics locaux et acteurs de la société civile).

Dans le cadre de la stratégie de renforcement des systèmes de santé (SRSS), le lien direct entre zones de santé et acteurs de terrain est indispensable. L’utilisation de l’expertise des médias qui ont dans leur mandat la sensibilisation, l’interrogation critique et participative des populations et des acteurs locaux est un atout indéniable.

Ce sont donc ces acteurs qui concrétiseront les démarches de formation et de sensibilisation.

Le site de Murhesa est un cadre calme qui a permis aux participants de se concentrer et à favoriser leur participation active aux travaux. Situé dans le territoire de Kabare à environ 20 kilomètres de Bukavu, le grand séminaire Saint Pie de Murhesa a contribué au bon déroulement des assisses comme le respect de l’heure de chaque programme car il n’était pas question de se déplacer à l’extérieur du site ! Partis le mercredi 17 août du bureau de 3TAMIS, tous les participants étaient internés sur le site de l’atelier et assistaient chaque soir à des projections de documentaires sur les mutuelles de santé réalisés par 3TAMIS.

L’objectif global était de renforcer les capacités de pouvoirs publics et des acteurs de la santé de la province du Sud-Kivu sur la mise en œuvre des prémisses d’une assurance santé généralisée, de renforcer leurs capacités en bonne gouvernance et gestion dans le but de permettre l’accès précoce et régulier de la population au soins de santé de qualité et de développer des reflexes de communication institutionnelle et s’appuyer sur les outils de communication pour exprimer à la population les éléments de changement de comportement.

Les objectifs spécifiques de l’atelier étaient de :

  • Former les pouvoirs locaux, coutumiers et les acteurs de santé à travers l’action d’éducation permanente et citoyenne des médias.
  • Sensibiliser, à travers les pouvoirs public et acteurs de santé la population sur son adhésion à l’assurance santé généralisée.
  • Adopter les stratégies et procédures d’accès précoce aux soins de santé primaire

Les acteurs principaux du programme doivent avoir intégré le programme dans toutes ses dimensions et être capable de l’expliquer à travers les différentes formes d’expression, le langage parlé, écrit ou audio-visuel et en faire la restitution à leur collaborateur.

De l’importance d’un tel investissement : Le risque serait de voir des acteurs à haut niveau de responsabilité en difficulté de comprendre et donc d’expliquer clairement ce projet exceptionnel et complexe, tout au long du programme avec les conséquences négatives prévisibles au cas où une telle précaution ne serait pas prise en compte. 

3TAMIS

Dans son exposé sur « Les mutuelles de santé au Sud-Kivu dans leur contexte », Vital Cishimbi, coordinateur de la CAMS, Cellule d’Appui aux Mutuelles de Santé, a expliqué les principes de fonctionnement d’une mutuelle de santé et les avantages de ses services (Un exemple ? La mutuelle prend en charge 80% des soins d’hospitalisation ce qui est un avantage certain pour une cotisation de quelques dollars par an…)

Parmi ces principes, il cite :

  • La solidarité : chacun bénéficie du même service en cas de maladie pour un même niveau de cotisation
  • Fonctionnement démocratique : une personne, une voix. L’existence des structures qui garantissent la participation des membres aux prises de décisions et au contrôle de fonctionnement : Assemblée Générale, Conseil d’Administration
  • Epanouissement de la personne : la mutuelle reconnaît l’originalité de chacun de ses membres et l’amène ainsi à contribuer à l’évolution de celle-ci
  • A but non lucratif : La mutuelle ne cherche pas à réaliser des bénéfices, mais l’autonomie financière et l’équilibre budgétaire pour garantir sa pérennité

La méthodologie étant celle de la participation, il était question pour les intervenants de faire usage de l’approche pédagogique basée sur l’échange des savoirs : cela a permis à chaque participant de s’exprimer sur le thème du jour et de parler de la réalité de la situation sanitaire de son milieu.

Au cours des carrefours, après avoir relevé les forces et faiblesses des mutuelles de santé et du programme solidarité santé, les participants ont épinglés les principaux freins à l’accès aux soins de santé de la population du Sud-Kivu, notamment :

  • L’accessibilité financière : la pauvreté généralisée alors que la pays est riche (Mauvaise gouvernance et guerres), le salaire insignifiant des fonctionnaires, le chômage, le faible revenu de la population, l’absence de politique agricole basée sur le renforcement de l’agriculture familiale et écologique, l’absence d’industries dues à l’insécurité des investissements nationaux et étrangers, le personnel soignant démotivé, la tarification exagérée dans les formations sanitaires (FOSA) privées
  • L’accessibilité géographique : le mauvais état des routes, la population éloignée des formations sanitaires (FOSA) et leur répartition inégale sur le territoire
  • L’accessibilité liée à l’organisation des services : absence de spécialités dans les FOSA, une faible couverture sanitaire, insuffisance des formations et des équipements, proliférations des FOSA privées
  • L’accessibilité politico-socio-culturelle : la mauvaise gouvernance, l’insécurité qui continue et qui occasionne les pillages des FOSA dans certaines zones de santé, l’ignorance, les croyances qui conduisent certaines personnes à ne pas se rendre à l’hôpital, à croire aux charlatans et aux chambres de prières, les us et coutumes surtout au village.

Pour résoudre tous ces problèmes, les participants proposent : la bonne gouvernance dans le pays en général, la création d’emploi, l’éducation de la population sur la gestion des biens publics, la paix, le respect des normes de fonctionnement des FOSA, l’équipement des FOSA, la régulation des tarifs dans les FOSA, la création des activités génératrices des revenus, etc.

3TAMIS

Dans son intervention sur l’importance de la communication institutionnelle, Franck Mweze, coordinateur de 3TAMIS, souligne que la façon dont on communique pour passer un message, est essentiel pour atteindre l’objectif fixé, ici l’adhésion au projet d’assurance santé généralisée.

Selon lui, la communication se fait à deux niveaux : au niveau interne, la connaissance de soi, de sa structure, la connaissance du projet et la maîtrise des enjeux et, en externe, la connaissance du public et de sa situation, la capacité à communiquer, informer, séduire & faire adhérer la population au projet ambitieux de l’assurance santé généralisée au Sud-Kivu.

Il a invité tous les participants à savoir bien communiquer à toutes occasions, lors de réunions ou de  séances de sensibilisation pour que la population soit informée et comprenne mieux les avantages des mutuelles de santé et le programme solidarité santé. Une bonne communication, souligne le formateur, doit être permanente et régulière ; il est indispensable d’assurer un suivi pour pouvoir faire une évaluation sur les progrès du projet Assurance santé et l’intérêt de la population à y adhérer.

Il est d’ailleurs prévu en septembre, l’organisation de séances de restitution au niveau de la base par les participants à l’atelier. L’équipe 3TAMIS et celle du PSS (Programme Solidarité Santé) ira dans tous les territoires pour se rendre compte de la qualité du travail de sensibilisation qui aura été faite.

Contexte et justification de l’atelier sur le programme solidarité santé au sud Kivu
Venant d’une longue période de dictature suivie par des guerres à répétition la population du Sud-Kivu vit dans un contexte socio politique « inconfortable », c’est le moins que l’on puisse dire !

La destruction de l’économie, les outils de production agricole, minier, commercial, industriel quand elles existaient, la déstructuration sociale, la pauvreté généralisée ne permet pas à la population l’accès facile aux soins de santé de qualité.

Les déplacements fréquents des populations pour cause d’insécurité ont exacerbé la vulnérabilité de celles-ci. A cela s’ajoutent les violences et viols dont sont victimes des femmes, des hommes et des enfants du fait de la dégradation des mœurs, d’une armée nationale aux comportements criminels, et de la présence de milices et bandes armées congolaises ou venues des pays voisins, le Rwanda, le Burundi, l’Ouganda.

L’alternative serait de recourir à un système de solidarité de la santé par l’entremise des mutuelles de santé en vue de faire face aux coûts des soins de plus en plus élevés.

Face à ce paradoxe de pauvreté et de vulnérabilité dans un pays aux potentialités économiques et culturelles énormes, les leaders communautaires et les dirigeants au  pouvoir sont invités à comprendre les enjeux de la solidarité santé.

La province du Hainaut – Belgique a noué un partenariat avec son homologue Sud-Kivutien qui vise le renforcement des pouvoirs publics et des acteurs de la santé au Sud-Kivu afin d’installer un système de soins de santé généralisé sur toute la province. Le programme ne se limite donc pas à Bukavu : il est prévu des séances de formations et sensibilisation d’autres acteurs de santé et pouvoirs publics et faire des restitutions dans d’autres axes comme à Mwenga, Uvira, Walungu et Shabunda.

Pourquoi le choix de 3TAMIS dans le Programme  Solidarité Santé au Sud-Kivu?
3TAMIS a été choisi comme opérateur du résultat 5 (qui en comprend 7) du programme « Programme Solidarité Santé » (dénomé aussi Renforcement des pouvoirs publics et des acteurs de santé via la mise en œuvre des prémisses d’une assurance santé solidaire généralisée ) grâce à son expertise en termes de qualité, de quantité de réalisation, d’animation, d’organisation de manifestation et en termes de différents niveaux d’intervention intégrant l’ensemble de la problématique du développement durable avec son approche participative.

Il connaît par ailleurs le dossier santé, ayant valorisé les activités du BDOM membre de l’ASBL 3TAMIS et opérateur de santé important au Sud-Kivu, via ses articles et vidéo et, surtout pour ce projet, 3TAMIS a suivi toute son évolution depuis les premiers ateliers de programmation jusqu’à l’accord de financement de la coopération belge via les provinces.

Par ailleurs, 3TAMIS étant financé par la coopération belge au développement dans des programmes d’éducation à la citoyenneté, il était « un atout naturel » surtout, une suite logique et cohérente des investissements déjà effectués par le ministère belge des affaires étrangères et le ministère belge de la coopération intégrant dans son action, le renforcement des pouvoirs publics.

La télévision de la Wallonie Picarde, notélé, partenaire de 3TAMIS est associé à l’exécution du résultat 5 grâce à son expertise de l’approche de la réalisation participative avec ses émissions communautaires dans le cadre de l’éducation permanente soutenue par les pouvoirs publics belges. Sa présence est importante dans le programme car elle participe à la valorisation des activités de coopération entre les deux provinces et vient en renforcement des compétences de 3TAMIS.

Les engagements et recommandations de l’atelier
Après ces trois jours au grand séminaire de Murhesa, les participants se sont engagés à :

  • A faire la restitution dans leurs institutions respectives en vue de renforcer à leur tour, l’importance et l’intérêt d’adhérer au projet de mutuelles de santé sur toute la province
  • A faire adhérer le personnel de leurs institutions et les membres  de leurs familles
  • A sensibiliser les patients et leurs accompagnateurs à adhérer aux mutuelles de santé
  • A afficher les tarifs des soins pour les membres et les non membres des mutuelles de santé.
  • A parler régulièrement des mutuelles de santé dans les réunions formelles où se retrouvent  des responsables d’entités et les notabilités

Ils ont aussi formulé les recommandations suivantes :

  • Au programme solidarité santé au Sud-Kivu, de multiplier les réunions et séances de capacitations des sensibilisateurs locaux des Mutuelles de Santé (MUSA)
  • Aux zones de santé, d’inviter les animateurs permanents des MUSA, aux réunions concernant les soins de santé primaires.
  • Aux formations sanitaires et aux mutuelles de santé, de respecter leurs conventions de collaboration pour améliorer la qualité des soins offerts aux membres
  • A la cellule d’appui aux mutuelles de santé, de renforcer son équipe en communication et d’avoir un partenariat avec les maisons de presse pour produire des émissions en faveur des mutuelles de santé.

Le ministre provincial de la santé publique et affaires sociales, le docteur Mwanza Nangunia Nash a présidé les cérémonies d’ouverture et de clôture de l’atelier. Il a affirmé que le gouvernement provincial s’est engagé à promouvoir les mutuelles de santé et à soutenir le programme solidarité santé au Sud-Kivu.

Eliane Polepole

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